Décodage

Décodage

Durée < à 30 min
Lieu En intérieur
Fiche activité Décodage spécifique pour la formation Nature en Ville
Namur (Belgique )

Objectifs

  • Revenir sur les éléments vus et vécus lors de la journée et les décoder pour se les approprier.

Déroulement

Rappel activités
Carte postale ; Carte d’identité ; Symphonie urbaine ; Miroir
Questionner
• Pourquoi a-t-on fait ces 4 activités ?
• Quels liens voyez-vous entre les 4 activités ?
• Qu’est-ce qu’elles mettent en évidence ?
• Quelles réflexions suscitent-elles en vous?
• Quelles approches, quelles méthodes pédagogiques?
Eléments fondateurs et dimensions explorées par ces activités

  • 1. Immersion
  • 2. Emotions
  • 3. Ecologie des relations
  • 4. Multiplier les approches péda (clé approche complexe en Ere)
Immersion
Les 4 activités organisent une immersion par des formes différentes. A travers elles, ce qui est privilégié est une expérience forte sur le territoire investi, en rupture totale avec le quotidien des participant·es. Il est rare que nous prenions le temps de nous poser, d’observer et de ressentir notre environnement dans notre corps. Pourtant, il nous semble qu’il y a un enjeu sociétal majeur à dépasser l’opposition culturelle occidentale entre le corps et l'esprit. Se relier physiquement à notre environnement peut notamment nous permettre de :
  • • développer des ressources gratuites, mobilisables ensuite
  • • constituer une réponse créative à l’éco anxiété : (re)sentir dans notre corps permet de renforcer un lien solide et positif aux vivants, aux humains, et aux écosystèmes
  • • habiter nos corps autrement (par exemple réhabiliter nos sens autres que celui de la vue)
  • • accepter de se laisser porter, malgré les nombreuses incertitudes dans le réel,ici et maintenant
  • • de prendre le temps qu’il faut pour la rencontre
Ainsi, l’immersion permet de mobiliser et d’investir les participants, et permet, en complément des autres éléments, de donner une dimension politique à nos activités.
Ces activités peuvent aussi faire évoluer la sensibilité sensorielle et mettre en évidence des éléments du système non perçus jusqu’alors. Lors de la symphonie urbaine, l’attention est portée sur un sens, ce qui nous coupe presque des autres. Cela permet d’intégrer une perception acoustique nouvelle de l’environnement. Avec le miroir, on chamboule les repères, on force le décentrement.
Au sein de l’approche immersive, on peut différencier approche sensorielle et sensible1.
Cette immersion peut faire émerger de l’inconfort, générer du plaisir, du dégoût, des émotions plus ou moins fortes, ce qui nous mène à un second élément fondamental.

Emotions
Pour nous, cet élément fondamental doit être transversal à toutes les activités. Nous pensons qu’il est important que nos activités mettent en jeu et développent les compétences émotionnelles des participant·es, qu’elles tiennent compte de l’impact des affects et les mobilisent comme moteur de changement (compréhension nouvelle, questionnements, action).
Dans un contexte culturel où les émotions sont souvent évacuées ou réprimées, nous pensons qu’il importe de donner de la valeur à l’expérience sensible, non visible, parfois refoulée. Les émotions constituent une boussole qui nous permet d’éclairer nos besoins, de nous mobiliser et de nous mettre en action. Il importe donc, dans nos pratiques, de leur donner une place importante, en instituant un espace pour les ressentir (acceptation), les identifier, et les partager (expression et écoute active). Il s’agit de les valider collectivement, et de leur offrir un espace de socialisation pour les composter, les transformer en action collective.
Il nous faut pour cela dépasser la primauté des savoirs froids sur la “perception chaude”, et intégrer le plaisir, l’émerveillement, la joie, l’intuition. Par exemple, avec la carte postale, nous suggérons que les apports sensibles des participants ont une valeur.
Cela permet aussi d’intégrer la singularité des participants, qui peuvent ressentir un panel d’émotions très varié pour la même activité.
La carte postale mobilise aussi une approche introspective qui tente de montrer à voir les liens émotionnels préexistants qui unissent l'apprenant·e au système biodiversité que nous allons observer et dans lequel il·elle évolue. Une expérience affective préexiste à l’activité, et conditionne le point de vue de l’observateur·ice.
Puisque l’approche complexe vise notamment à mettre les participants en chemin vers l’action, cette étape d’intégration des émotions, positives et négatives, est primordiale et éminemment politique.
! Mettre les participant·es en situation d’immersion permet souvent l’émergence d’émotions. Cela peut générer de l’inconfort.
Tips de l’animateur·ice
  • →importance de poser un cadre sécurisant
→veiller à la clarté des consignes
→ assurer un encadrement proche
→ effectuer un tour de partage des ressentis pour assurer la sécurité physique et affective des participants.

Ecologie des relations
A travers nos activités d’éducation à la nature, nous souhaitons que les participant·es puissent se questionner quant à leur place dans la toile du vivant. Questionner leur relation aux êtres vivants, humains et non-humains pour tenter de percevoir une partie des nombreuses interdépendances à l’oeuvre, pour comprendre nos biais cognitifs lorsque nous observons “la nature”.
Expérimenter d’autres rapports aux êtres qui peuplent notre planete est une porte d’entrée. Elle nous permet de regagner humblementnotre place, celle d’une espèce vivante parmi tant d’autres.
Il s’agit donc de jeter un regard critique sur la vision culturelle et les représentations intériorisées vis-à-vis des autres êtres vivants. Expérimenter un décentrement du point de vue occidental naturaliste, pour découvrir d’autres façons d’être au monde, qu’elles prennent le point de vue de non-humains ou celui d’autres cultures humaines.
Faire vivre des activités qui donnent à voir ces interdépendances nous permet de nous sentir reliés à ces êtres, de développer de l’empathie et de débusquer les éventuels rapports d’exploitation/domination à l'œuvre dans les différents écosystèmes que nous observons. Ceci dans une perspective de changement social, de mobilisation et d’action.
Ce sont surtout les deux premières activités (et d’autres à vivre dans la formation,à découvrir!) qui mobilisent ce questionnement.
Ex : pour la carte d’identité, un lien subjectif est créé avec une plante « banale » en lui donnant un nom. Cela implique de s’'arrêter pour observer, ralentir, d’identifier le lien avec les autres plantes du quartier, sa raison d’être, son utilité dans l’écosystème urbain (cycle de l’eau, ressources alimentaires faune, …). C’est une manière de remarquer la nature ordinaire qui pousse autour de nous, lui porter attention, …
Symphonie  : lien entre la présence des êtres vivants, des humains, des éléments non vivants et l’environnement sonore.
Varier les approches pédagogiques
Il existe de nombreuses clés et approches pédagogiques. Citons notamment le cerveau global, l’approche systémique, l’(auto)socioconstructivisme, l’approche sensible, les intelligences multiples, …
Pour éduquer à la complexité en éducation à la nature, il importe de varier les approches pédagogiques. Cela permet de :
  • • changer de point de vue, intégrer toutes les dimensions et réalités en présence
  • • intégrer chacun·e s-dans sa complexité et dans sa singularité
  • • assurer une meilleure mobilisation et dynamique de groupe
  • • ouvrir à enrichir nos perceptions vers un chemin inexploré pour développer de nouvelles compétences (rupture pédagogique)
  • • inscrire la créativité dans nos pratiques éducatives
ex : Cerveau global
– carte identité : Forcer l’observation, devenir botaniste amateur·ice en suivant un protocole → approche technique
– carte postale : mobiliser le vécu et créer des liens avec le milieu du jardin → approche imaginaire et créative
– Symphonie urbaine : permettre de focaliser sur un des sens et élargir sa perception de l’environnement → approche sensorielle et concrète

Rappel activités
• Carré Biodiversité
• Calendrier cosmique
• Mcadam Bd de la Sambre

Panneaux reprenant les éléments fondamentaux
Déroulé
Ces trois activités peuvent convoquer plusieurs des éléments fondamentaux que nous avons identifiés.
Placer des pancartes avec les titres des éléments fondamentaux à différents endroits assez espacés pour voir la différence de position et assez proche pour pouvoir s’entendre..
Demander aux participants de rejoindre la pancarte qu’iels estiment être celle qui a été le plus explorée dans les trois activités.
Interroger quelques participant·es pour savoir en quoi les activités (ou une activité en particulier) a exploré tel ou tel aspect.
Faire rebondir sur les interventions. Proposer aux participant·es d’éventuellement se déplacer pour rejoindre un point de vue exposé.
Compléter éventuellement les commentaires.
Dimensions explorées par ces activités
  • 1. Temporalité et changement
  • 2. Éthique et valeurs : perception située - vision anthropocentrée
  • 3. Politique
  • 4. Immersion

Temporalité - changement
Les 3 activités vécues permettent 3 approches différentes de la temporalité.
  • • Carré biodiversité: prendre le temps de l’observation, de l’attention
  • • Calendrier terrestre: appréhender le temps long - relativiser le temps de nos vies humaines et les temps d’autres êtres vivants - l’évolution n’est ni linéaire, ni prévisible - il nous faut vivre avec l’incertitude.
  • • Macadam BD: imaginer le passé et se projeter dans le futur. Développer des imaginaires enviables peut les rendre réels (susciter le pouvoir d’agir collectif par l’imaginaire) .
Ethique/ Valeurs : Perception située - vision anthropocentrée
  • • Mythe de la suprématie humaine.
  • • Relativité de la vie humaine. Notre espèce est apparue il y a très peu de temps à l’échelle de l’histoire de la Terre et que dire si on remonte à l’histoire de l’univers !!
  • • Robustesse du vivant (les mousses et le lichen créent du sol, même sur un mur, les végétaux s’y installent, les insectes, les araignées, les escargots y trouvent leur place).
  • • Réflexion sur l'évolution en lien avec les mondes de von Uexküll.
    • ◦ La mousse sur le mur évolue depuis plus de 350 mns d’années
    • ◦ Les hominidés ne sont là que depuis 300 000 ans.
    • ◦ Chaque être vivant est aujourd'hui, le plus évolué par rapport à son monde.
    • ◦ Chaque être vivant, bien que partageant le même territoire évolue dans un monde qui lui est propre, qu’il perçoit avec des organes de perception adaptés qui lui sont propres. Le monde de l’araignée n’est pas le même que celui de la mousse.
      • ▪ Dans leur monde les autres êtres vivants sont plus adaptés que nous (sonar, photosynthèse, soie d’araignée …). Tous les sujets, du plus simple au plus complexe sont ajustés à leurs milieux. Il n’y en a pas de super ni de sous évolués. Chacun appréhende le réel avec sa propre perception. Chacun des êtres vivants produit un monde, selon un plan d’organisation qui est le sien. C’est du point de vue de l’être en question qu’il s’agit de saisir sa relation avec le monde qui lui est propre.
      • ▪ Selon le naturaliste allemand, Jacob von Uexküll (1864-1944), la Terre est donc peuplée de mondes. Celui des humains n’en est qu’un parmi des millions d’autres.
  • • Nous avons une perception située, anthropocentrée, de ce qui nous entoure. Faire des exercices de décentrement, nous entraîne à envisager les choses autrement. Nous sommes exceptionnels, les autres êtres vivants le sont aussi !
  • • Par bien des aspects, nous sommes insignifiants.
Politique
  • • Un mur est une construction humaine peu accueillante et pourtant, il peut abriter beaucoup de biodiversité.Si nous nous plaçons du point de vue de l’ensemble des êtres vivants accueillis par une ville, un quartier, nous pouvons envisager d’aménager le territoire urbain avec cette préoccupation. D’abord, on peut offrir des refuges à tout ce qui vit, humain et non humain. Ensuite, on peut s’éclairer de la notion de “bien commun” pour administrer la chose publique, dont la construction de murs, la bétonisation de sites naturels fait partie.Canaliser la Sambre a été motivé par les besoins économiques humains liés à la navigation et au commerce. L’imperméabilisation des berges des cours d’eau et la gestion des eaux fluviales a des effets désastreux sur les écosystèmes aquatiques et participe à l’érosion de la biodiversité. Les intérêts économiques impriment un rapport de force important quant à la défense des humains vulnérables et les êtres vivants.
  • • Depuis 2022, un collectif Sambre 2030 a été constitué pour que la Sambre accède au statut de personnalité juridique1 .
Approche pédagogiques
Observer attentivement le mur, utiliser des instruments et suivre un protocole=>Technique
Découvrir les grandes étapes de l’évolution => Savoirs: sciences de la Terre et histoire
Se décentrer, incarner d’autres être vivants, imaginer le passé et le futur, dessiner => Imaginaire - créativité

Evaluations et références

Références

VON UEXKÜLL, Jacob (2010). Milieu animal et milieu humain, Rivages. - cité par BOUSSENA, Youness (novembre 2023). La Terre, neuf millions de mondes, dans Socialter. https://www.socialter.fr/article/jakob-von-uexkuellconcept-umwelt (page consultée le 6 septembre 2024).

picto politique Politique et citoyenneté
Thème Nature en ville
Public
  • Jeunes adultes (18-25 ans)
  • Adultes (25-65 ans)
  • Aînés (65 ans et plus)
Formateur·rices
  • Isabelle, Thibault, Fanny, Alexia, Christophe
Commanditaire Educateur à la nature
Auteur

Thibault

Ouvrir dans un nouvel onglet